Chapitre 4 

Les racines du mal

Genève suisse.
Hotel Hilton, quai du Mont Blanc

Cameron Saindoux décrocha le téléphone de sa chambre d'hôtel.

- Monsieur Saindoux ?
-mmouais.
- C'est le service de réveil, il est 6h30, vous avez demandé à être réveillé.
- ok, Merci.

Du haut de ses 25 ans, Cameron Saindoux dormait dans un hôtel Hilton.
Enfin, dormir n'était pas le terme exact.

La société pour laquelle il travaillait n'était pas domiciliée en Suisse, mais dans les îles "Caymans", situées au large de la Floride.

Ses employés n'avait donc pas le droit de travailler en Suisse.
En réalité, les employés rentraient officiellement chaque soir en France, passant la frontière toute proche... pour la repasser dans des véhicules de location différents et immatriculés en Suisse, aux alentours de 21H.

Les employés arrivaient de différentes petites villes frontalières, afin de ne pas attirer l'attention.
Tous convergeaient ensuite vers l'hôtel Hilton.
Même s'ils avaient leurs chambres payées, ils y passaient très peu de temps.

La stratégie dissimulée de la grande société qui les rémunérait était simple : privation maximale de sommeil, 10 h d'analyse, 8 h de réunion et de compte rendu par jour.
Au bout de 15 jours (durée moyenne d'une mission) les employés, épuisés, voire suicidaires, partaient d'eux même, empochant néanmoins une confortable somme d'argent, libellée en Francs suisses.


Saindoux ne se déshabillait même plus.

Il avait enlevé le matelas du lit de sa chambre, dormait tout habillé le plus raide possible sur le sommier en lattes, afin de ne pas froisser son costume.
Il avait aussi coupé le chauffage, pour éviter de transpirer.

A son réveil, il se rasait au rasoir électrique, remplissait le lavabo d'eau froide mélangée a de la glace, puis se trempait la tête dans cette mixture polaire.
Il ouvrait en grand les yeux une fois sa tête immergée, bloquait sa respiration 40 secondes, jusqu'au bord de l'implosion pulmonaire, puis sortait la tête hors de l'eau .
Il se séchait ensuite rapidement au sèche-cheveux.

En guise de petit déjeuner, il se préparait une mixture, à base d'eau gazeuse, de plâtre anti gastro,
guronzan, caféine, le tout mélangé à des flocons pour bébé, et un jaune d'oeuf cru.
Il était dans un tel état second, fatigué par le manque de sommeil, qu'il ne sentait même pas le goût de cette boisson.